Le Forum International des femmes Entreprenantes et Dynamiques (FIED), qui se tient quelques semaines après le forum sur la “masculinité positive”, s’est déroulé les 14, 15 et 16 décembre 2021 au Fleuve Congo Hôtel à Kinshasa en RDC, sous le haut patronage du chef de l’Etat Congolais, Son Excellence Antoine Félix TSHISEKEDI.

Cette rencontre, dont le thème 2021 est : « Accélérer la dynamique de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), avec la contribution active des Femmes Entreprenantes et Dynamiques pour la relance de l’Economie Africaine post-Covid19 », a vu la participation remarquable et remarquée du Togo représenté par l’Honorable Abira Bonfoh qui était aux côtés de plusieurs autres hautes personnalités du continent, des institutions africaines et aussi des réussites de la diaspora africaine.
Après des débats, des huis clos, des travaux intenses, il a fallu présenter des efforts des pays sur des thèmes bien spécifiques.

Voici en substance l’intervention de l’Honorable Députée, quand il a fallu présenter les efforts fait par le Togo pour promouvoir l’éducation et la formation des jeunes filles dans les filières scientifiques.

Excellence, Mme Jewel TAYLOR, Vice-présidente du Liberia,
Excellence, Mme Catherine Samba-Panza, Ex Cheffe d’Etat de la République Centrafricaine,
Monsieur le Vice – premier ministre,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mme Chantal Yelu Mulop conseillère spéciale du Chef de l’Etat,
Mme la représentante d’ONU – Femmes,
Mesdames et messieurs, en vos rangs et grades respectifs,
Chers amis des médias,
Mesdames et messieurs, 

Je voudrais, en l’entame de ma prise de parole, témoigner toute ma gratitude aux Autorités de la République Démocratique du Congo et au Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques pour cette initiative, qui je n’en doute pas, nous sera tous très profitable.

Les organisateurs m’ont fait l’honneur d’intervenir sur la problématique intitulée : « Promouvoir l’éducation et la formation des jeunes filles dans des filières scientifiques et de recherches : solutions pour réduire les inégalités entre hommes et femmes », exemple du Togo. Au-delà de ma modeste personne, c’est mon pays le Togo qui est honoré, je vous en remercie vivement.

L’heureuse initiative de cette rencontre internationale ouvre à mon sens, une belle perspective pour la mise en place d’un puissant réseau de femmes influentes à même de susciter et d’accompagner les jeunes filles à embrasser les filières scientifiques et de recherches. Et je vous dirai pourquoi.

Nous connaissons tous l’expression rétrograde et vieillotte « Les filles jouent à la poupée et les garçons aux voitures ». Il s’agit là de l’un des stéréotypes distillés dès l’enfance pour bloquer les mentalités des jeunes filles à faire corps à corps avec les filières, dites « réservées exclusivement pour les hommes » comme par exemple, la filière « moteurs et mécaniques automobiles ». D’une manière générale, pendant longtemps, en métiers d’hommes, les femmes suscitaient l’hilarité. Mais aujourd’hui, que ce soit au nom de la parité ou de l’efficacité, de nombreux secteurs historiquement très masculins cherchent à rééquilibrer la composition de leurs effectifs au profit des femmes.

En effet, de manière réitérée et appuyée, la question de l’équité genre dans tous les domaines de la vie surtout scientifique ou de recherche est essentielle notamment pour une bonne gouvernance et pour une pleine réalisation des aspirations de développement durable. Les femmes scientifiques sont des leviers pour le développement. Cet enjeu est bien pris et compris par tous les acteurs. Partout dans le monde, la contribution des femmes n’est plus à démontrer. Bien plus encore, il semble évident que les femmes ont une prédisposition naturelle et volontaire à améliorer les conditions de vie de leurs familles en investissant davantage pour l’alimentation, la santé, l’éducation et la nutrition des enfants.

Chers participants;
Mesdames et messieurs;

Tous les pays reconnaissent et s’engagent désormais à combler l’écart entre les genres et à renforcer la participation des jeunes filles dans les filières scientifiques et de la recherche comme un élément clé pour construire une société plus juste.

C’est ainsi que dans mon pays le Togo, le Gouvernement, sous le leadership du Président de la République, a mis en œuvre une politique volontariste de la promotion des filles à travers plusieurs programmes.  Il s’agit entre autres de: l’actualisation du Plan sectoriel de l’éducation (PSE) intégrant les questions de genre ; la création de nouveaux centres de formation professionnelle accessibles aux filles ; la mise en œuvre d’un programme national de lutte contre les grossesses et mariages en milieu scolaire et extrascolaire.

À cela s’ajoutent d’autres mesures incitatives à l’éducation de la jeune fille comme la mise en œuvre depuis 2017 du projet d’excellence académique et de leadership de la jeune fille ; l’alphabétisation fonctionnelle des femmes ; le projet d’appui à la promotion des jeunes filles dans le secteur de la formation scientifique, technique et professionnelle par la mise à disposition des bourses d’excellence.

Plus encore, un Camp des sciences pour jeunes filles scolaires, qui cette année est à sa 6ème Edition, est organisée chaque année. L’objectif est d’améliorer la participation, la poursuite des études des filles et l’achèvement dans les filières scientifiques, de technologie, de l’ingénierie et des mathématiques afin de réduire les inégalités de genre dans ces professions scientifiques.

En outre, des récompenses et des prix sont décernés à des femmes qui s’illustrent dans les recherches appliquées.

Chers participants;
Mesdames et messieurs;

Sur le continent africain, des progrès ont été accomplis pour favoriser la participation des femmes à la gouvernance et à la vie politique. Toutefois, ces progrès bien qu’encourageants restent en deçà des attentes légitimes, car de nombreux obstacles demeurent et les disparités, perceptibles d’un pays à l’autre.

En effet, la considérable avancée des filles dans l’enseignement secondaire et supérieur ne s’est pas accompagnée d’un bouleversement majeur dans les filières scientifiques ou de recherche. Certes, leur part a fortement progressé dans les disciplines universitaires où elles étaient minoritaires (droit, médecine, gestion, par exemple), mais elles ont également continué de renforcer leur présence, et les garçons leur absence, au sein des filières les plus féminisées de l’université (lettres et sciences humaines). En revanche, à l’exception des filières de santé, elles ont très lentement progressé dans les filières scientifiques et techniques. Ainsi, on assiste encore aujourd’hui au paradoxe selon lequel, les jeunes filles qui connaissent globalement une meilleure réussite dans la sphère éducative continuent à s’orienter vers des filières moins rentables sur le marché du travail. Dans les universités publiques de mon pays le Togo, non seulement les jeunes femmes sont sous-représentées parmi les étudiants en sciences et techniques, mais leur présence y est également très variable selon les spécialités : si elles ont assez largement investi les filières de chimie et celles de sciences de la vie (où elles représentent moins de 50% des étudiants), leur sous-représentation est encore plus élevée dans les spécialités industrielles telles que la mécanique, l’électricité, l’automatisme ou l’informatique. Dans ces filières, les jeunes filles représentent moins de 20 %. Or, ce sont ces filières qui conduisent souvent, sur le marché du travail, aux meilleurs emplois et salaires.

Face à cette situation, il est indispensable de multiplier des initiatives et de soutenir des projets comme celui qui nous rassemble ici en ce moment afin d’aider davantage à une meilleure prise en compte de la contribution des femmes au processus de développement de notre société actuelle.

Dans une telle perspective, un plaidoyer de haut niveau doit être mené à l’attention des législateurs et des gouvernants des pays africains pour le renforcement et la mise en œuvre d’un arsenal juridique en faveur de l’équité genre.

Chers participants;
Mesdames et messieurs;

Je reste convaincue que l’engagement des pouvoirs publics à donner un sérieux coup de pouce à l’entrepreneuriat féminin est sans faille. Le Togo a ainsi mis en place un certain nombre de dispositifs pour les encourager à se lancer et créer des entreprises donc des emplois. Le secteur privé a suivi avec l’appui des partenaires en développement pour l’installation des incubateurs et réseaux dédiés spécifiquement aux femmes. Et cela a eu un impact notamment sur les mentalités. Aujourd’hui, les femmes et plus particulièrement la jeune génération s’autocensurent moins, osent plus.

Alors la question de fond reste comment éveiller davantage leur intérêt ?

Nous ne pouvons-nous permettre d’attendre que les jeunes filles viennent à nous. Nous allons les chercher, leur montrer qu’elles sont les bienvenues, qu’elles auront tout le soutien pour réussir.

Du reste, tout en reconnaissant que de nombreux défis restent encore à relever, le Togo se réjouit des résultats obtenus ces dernières années en matière de promotion du leadership féminin. C’est avec bonheur que nous constatons que le Togo fait partie des pays au monde à avoir, dans le même temps, une Cheffe de gouvernement et une Présidente d’Assemblée nationale.  Dans les différentes équipes gouvernementales depuis 2005, le nombre de femmes ne cesse d’augmenter. Dans le gouvernement actuel, il y a une femme ministre des armées, ministre secrétaire générale de la Présidence de la République.  Par ailleurs, dans le cadre de la décentralisation, les dernières élections locales ont ouvert la voie aux femmes à la gouvernance locale avec 192 conseillères municipales, 12 femmes maires, 24 femmes adjointes au maire, 33 femmes secrétaires générales de mairie et une présidente de la faîtière des communes du Togo.

Voilà les femmes peuvent changer le monde aujourd’hui. Je nous incite ardemment à nous battre pour nos rêves et à les faire couronner ; nous en avons la capacité et la force.

Je vous remercie !