Hon. Abira Bonfoh, ouvrière des droits et de l’émancipation des femmes et des enfants au Togo

A l’heure où la question du genre mobilise l’humanité, s’impose aux agendas politiques des gouvernements, interroge la responsabilité des entreprises et s’érige en incompressible du développement inclusif, des initiatives fusent. C’est le cas de la Fondation Asaal, présidée par l’honorable Abira BONFOH et qui se déploie sur le territoire togolais, au profit et au seul nom de l’autonomisation des femmes et de l’excellence des filles. La députée suscite de l’intérêt et se distingue par son engagement. Plongée au cœur du sujet à la faveur de cette interview.

Propos recueillis par Gilles LAWSON


COMMENT SE DESSINE LA CARTE D’IDENTITÉ DE LA FONDATION ASAAL ?

Hon. Abira BONFOH : La fondation Asaal est une initiative de soutien aux femmes, à l’origine, de la région de Bassar, mais qui s’est progressivement étendue à des activités à fort impact touchant l’ensemble des régions de notre pays. Créée en juillet 2014, autour des valeurs d’amour et de solidarité, la Fondation s’est donnée pour mission de créer une brèche partout où de besoin pour donner la chance aux enfants, aux jeunes filles et aux femmes de rêver et de croître, malgré les contraintes de l’environnement. Nous le faisons avec cœur et foi et sommes récompensés par les résultats construits dans les vies et parcours de nos bénéficiaires.

AU-DELÀ DE LA FONDATION, VOUS ASSUMEZ AUSSI DES RESPONSABILITÉS POLITIQUES. COMMENT SYNTHÉTISEZ-VOUS AU QUOTIDIEN CES DEUX PENDANTS DE VOTRE VIE ?

Hon. Abira BONFOH : Cette question revient souvent, un peu comme pour me rappeler qu’il serait ardu de faire ce que je fais ou d’être dans ma position, et en l’occurrence cela peut l’être. Toutefois, dans ma perception des choses, l’humanitaire et le développement sont indissociables de la politique. Mon expérience au contact des populations a motivé la création de la fondation, nous permettant, à mon équipe et à moi-même, de réaliser des choses extraordinaires et de redécouvrir le bonheur en le partageant. Mais c’est également cette expérience qui m’a permis de constater les limites d’une action de terrain mue par un protagoniste isolé, et de percevoir la nécessité d’une œuvre de plus grande échelle.

L’engagement politique qui en a découlé, me donne l’opportunité, en tant que députée de contribuer tous les jours à réaliser des choses dignes pour les Togolais. Je ne vous cache pas que cela revient à batailler jusqu’à l’épuisement. Cela représente souvent une solitude tout en étant synonyme de privation, mais alors que ces deux dimensions de ma vie font sens dans mon esprit, dans une logique de complétude, elles se synthétisent d’elles-mêmes.

QUELS PROGRAMMES METTEZ-VOUS EN ŒUVRE CHEZ ASAAL POUR ATTEINDRE VOS OBJECTIFS ?

Hon. Abira BONFOH : Comme vous le savez, les actions de la Fondation Asaal relèvent de quatre ordres, à savoir le soutien aux initiatives des femmes en milieu rural, la promotion de l’éducation pour tous, la promotion des droits des enfants et l’assistance des personnes vulnérables. Cela nous permet d’intervenir sur les domaines que sont l’éducation, la santé, la culture, l’égalité, la diversité, la lutte contre la pauvreté et l’autonomisation des femmes, contribuant ainsi à l’avancée de l’agenda 2030 et à l’atteinte des objectifs de développement 1, 3, 4, 5, 8 et 10.

Concernant l’appui aux populations à la base, nous avons réalisé plusieurs forages, outillé des femmes par la sensibilisation, la formation au montage de projets bancables, le financement des projets et l’accompagnement pour la mise en place d’activités génératrices de revenus pour elles, etc. Nous avons également offert des véhicules, vivres et matériels de travail pour l’agriculture et la couture notamment, construit des bergeries pour l’élevage, des hangars de marchés et des infrastructures solaires pour l’accès à l’énergie.

Sur le plan de l’éducation, il a été question de construire des bâtiments scolaires, d’offrir du matériel informatique à des établissements, de faire don de matériel scolaire (bancs, fournitures, outils didactiques, etc.) et de récompenser les meilleurs élèves aux examens. Plus récemment nous avons lancé le concours scientifique « La Reine des Sciences et Technologies » pour encourager l’excellence scientifique des filles. Aujourd’hui nous préparons la deuxième édition qui se tiendra en septembre 2023. Pour ce qui est de l’enfance, nous sommes principalement intervenus dans le cadre des dons de cadeaux à Noël, du soutien à la santé des enfants et de la sensibilisation aux droits des enfants, alors que sur le plan culturel, diverses manifestations ont été organisées, notamment avec des femmes pour promouvoir à travers ce vecteur la paix et le vivre-ensemble.

DE QUELLES RÉALISATIONS DE LA FONDATION ÊTES-VOUS LE PLUS FIÈRE ?

Hon. Abira BONFOH : Les actions se valent toutes à mes yeux, malgré leur différence d’envergure et d’impact. La création de la fondation est arrivée à un moment particulier de ma vie où, submergée par le besoin de donner, j’ai entrepris d’enrichir les femmes en sachant qu’à travers elles, des familles entières seraient renforcées. La fierté c’est peut-être de réaliser cela à chaque fois et de ressentir l’utilité de l’œuvre, mais au fond, chaque parcelle conquise sur le chemin du développement est une victoire extraordinaire. Chez moi, cela se mesure au sourire spontané et enthousiasmant de nos bénéficiaires ; il ne faut pas chercher plus loin. Là commence le renouvellement de nos énergies et s’installe l’ambition de toujours faire plus et mieux en créant le maximum d’impact sur nos cibles.

OÙ VOUS MÈNENT CES AMBITIONS DANS LES ANNÉES À VENIR ?

Hon. Abira BONFOH : Je vous réponds volontiers ici et partout ailleurs. Car le travail que nous menons relève du sacerdoce et ne connaitra pas de fin, aussi longtemps que nous ferons face à des défis dans nos sociétés. Les années à venir nous permettront ainsi de creuser le sillon de cette dynamique vertueuse pour donner corps aux possibles projets colossaux des femmes, jeunes filles et enfants, de Nanergou à Agbodrafo en passant par Galangachi, Datcha et j’en passe.

QUELS SONT, À VOS YEUX, LES ENJEUX ET DÉFIS DE L’ENTREPRENARIAT SOCIAL AU TOGO ?

Hon. Abira BONFOH : D’abord je tiens à saluer les hommes et femmes, jeunes et moins jeunes et pour nombreux qu’ils soient, qui s’engagent pour bâtir une société plus inclusive et plus durable. En même temps que je les encourage et soutiens, j’émets le vœu de les voir plus prompts à s’attacher au terrain, au-delà des discours, et plus que jamais actifs sur le terrain, car c’est là, et nulle part ailleurs que se trouvent les vrais défis et que se comprennent les vraies réalités. En effet, de prendre l’initiative un matin de venir au secours, d’appuyer, de contribuer à une meilleure société, peu importe la forme d’engagement et les motifs, revient à s’investir d’une mission. Il convient donc de ne jamais la trahir. Je pense aussi que l’entrepreneuriat social togolais et africain gagnerait plus à approfondir le débat, au-delà des fora, pour ne pas simplement surfer sur des concepts mais produire des connaissances et les valoriser au profit d’actions de plus grande envergure. Enfin, il me semble qu’un plaidoyer devrait s’élever pour favoriser un cadre de dialogue harmonieux et productif afin de mobiliser les acquis de la société civile en vue de la production de la norme, afin que nous marchions plus et maudissions moins la route, pour être conforme au proverbe togolais.

SUR LA BASE DE VOTRE EXPÉRIENCE, QUELS CONSEILS VOUDRIEZ-VOUS PRODIGUER À LA JEUNESSE TOGOLAISE ET AFRICAINE ?

Hon. Abira BONFOH : Très simplement : faites de la volonté l’essentiel de votre existence, et prenez du plaisir à FAIRE.

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